Depuis plusieurs années, l’orpaillage artisanal connaît un essor spectaculaire en Guinée. Sur les sites de Siguiri, Kouroussa ou encore Mandiana, des milliers de jeunes, d’anciens cultivateurs ou même de fonctionnaires reconvertis se tournent vers cette activité, attirés par l’espoir d’un gain rapide. Cette dynamique fait de l’orpaillage l’un des piliers de l’économie informelle guinéenne.
Une économie parallèle incontournable
Selon les estimations non officielles, l’orpaillage artisanal fournirait un revenu à près d’un million de Guinéens. Au-delà des orpailleurs eux-mêmes, toute une économie gravite autour de cette activité : vendeurs de carburant, restauratrices, réparateurs, convoyeurs, négociants… Les flux d’or issus du secteur artisanal contribueraient à hauteur de plusieurs tonnes par an à la production nationale, souvent sans passer par les circuits officiels.
Des enjeux environnementaux et sécuritaires
Ce boom s’accompagne toutefois de nombreux défis. L’utilisation non contrôlée du mercure, la déforestation, la pollution des eaux, ou encore la dégradation des sols menacent les écosystèmes locaux. Par ailleurs, plusieurs incidents – éboulements, conflits communautaires ou affrontements avec les forces de l’ordre – ont été signalés, soulignant l’urgence d’une meilleure régulation.
La présence accrue d’étrangers sur certains sites et l’implication présumée de réseaux d’exportation non déclarés renforcent les préoccupations sécuritaires. Certaines localités se transforment en zones de non-droit où les autorités peinent à intervenir.
Une stratégie de formalisation encore floue
Malgré les efforts du ministère des Mines et de la Géologie, la structuration du secteur artisanal reste limitée. Des initiatives pilotes de zones d’orpaillage encadré ont été lancées, mais peinent à couvrir l’ensemble du territoire. La délivrance de cartes professionnelles, la collecte de taxes spécifiques et l’appui à la mécanisation restent encore à l’état embryonnaire.
Plusieurs acteurs plaident pour une approche plus inclusive, qui reconnaisse le rôle socio-économique de l’orpaillage tout en renforçant la transparence, la fiscalité et la traçabilité de la production.
Une opportunité à canaliser
Si elle est bien encadrée, l’activité artisanale pourrait devenir un levier important de développement local, de lutte contre la pauvreté et d’intégration économique. Mais sans stratégie claire, elle risque au contraire de fragiliser les bases de la gouvernance minière, d’encourager la fraude et de multiplier les conflits sur le terrain.
La question n’est donc plus de savoir si l’orpaillage doit être intégré à la politique minière nationale, mais comment. Et à quelle vitesse.


